Le chauffage

Consommation moyenne de chauffage

D’après le rapport 2019 du SNEC sur l’efficacité énergétique des logements, le secteur du logement consomme environ 440 TWh chaque année, dont 68% pour le chauffage et 11% pour l’eau chaude sanitaire. Cela correspond à une consommation moyenne de 200 kWhef/m²/an  (kWhef = kilo Watt heures en énergie finale), dont 135 kWh/m²/an pour le chauffage. Mais cette moyenne cache de fortes disparités.

La consommation des logements est caractérisée par leur diagnostic de performance énergétique (DPE). Cette étiquette (A à G) correspond à la consommation d’énergie « primaire » d’une partie des consommations du logement (chauffage, eau chaude, climatisation, éclairage, et auxiliaires de chauffage et refroidissement). De plus les énergies considérées ne sont pas calculées pour son utilisation réelle mais un usage « conventionnel » : le chauffage est à 19°C, et le nombre d’habitant et la consommation d’eau chaude associée sont calculés à partir de la surface et du type de logement (individuel ou collectif).

La relation entre la consommation réelle de chauffage et l’étiquette DPE est donc assez complexe. Elle est décrite dans la méthode 3CL, et nous en avons implémenté une version simplifiée (cf. calculateur ci-dessous), ce qui nous permet d’estimer quelques ordres de grandeur.

Pour définir un cas d’étude « moyen » on peut considérer 3 types de consommations d’énergie :

  • La consommation de chauffage : 135 kWh/m²/an en moyenne
  • La consommation d’énergie finale du logement (celle qui est facturée) : 200 kWh/m²/an en moyenne
  • La consommation d’énergie « primaire » du logement pour un usage « conventionnel » (ce qui est calculé dans l’étiquette DPE) : 235 kWhep/m²/an, ce qui correspond à une étiquette D

Mais ces moyennes ne correspondent pas à un même logement : 135 kWh/m²/an de chauffage n’aura pas le même coût et le même DPE selon si le chauffage est électrique ou au gaz :

Consommation de chauffage Coût du chauffage Energie primaire sur l’étiquette DPE
Moyenne du parc français en 2019 :
135 kWh/m²/an
235 kWh/m²/an (D, proche de E)
Si 135 kWh/m²/an de chauffage au gaz :
135 kWh/m²/an
14 €/m²/an
180 à 200 kWh/m²/an (D, proche de C)
Si 135 kWh/m²/an de chauffage électrique :
135 kWh/m²/an
28 €/m²/an
390 à 420 kWh/m²/an (F, proche de G)
Cas d’étude proposé (pour 19°C, chauffé au gaz) :
150 kWh/m²/an
16 €/m²/an
190 à 220 kWh/m²/an (D)

Nous proposons de prendre pour référence un logement chauffé au gaz et qui consomme 150 kWh/m²/an de chauffage pour maintenir sa température à 19°C pendant la période de chauffe. Ce cas est assez conservateur.

Economies réalisables

En France il y a 29 millions de logements pour 2,7 milliards de m², soit une moyenne de 90 m² par logement (65 m² pour les appartements et 115 m² pour les maisons). Mais cette moyenne masque de fortes disparités, du petit studio de 20 m² à la grande maison de 200 m². La surface moyenne pour un T4 (famille de 4 personnes) est de 80 m².

On considère un T4 de 80 m² de classe D qui consomme 12 MWh/an (80 m² x 150 kWh/m²/an) de gaz pour se chauffer à 19°C. Au tarif réglementé de vente (105 €/MWh pour le gaz et 206 €/MWh pour l’électricité), cela représente un coût de 12 x 105 = 1260 €/an (hors abonnement).

D’après Enertech, passer de 20 à 19°C permet d’économiser 9% à 15% de chauffage selon l’isolation du logement et sa localisation. Le graphique ci-dessous a été construit à partir de leurs résultats :

Pour notre T4 de classe D chauffé au gaz, 1°C de plus ou de moins représente ainsi 125 €/an (9% de la consommation à 20°C), et passer de 21°C à 19°C permet donc d’économiser 250 €/an.

En France, l’essentiel des logements sont chauffés entre 19°C et 22°C. Le gisement d’économie est donc significatif 😉

Carte de la France représentant la température de chauffe moyenne selon les régions. On peut observer que régions à l'Est chauffent plus que les régions à l'Ouest.

Sondage ENI/IFOP – 2530 personnes

Faites le calcul !

Votre consommation de chauffage peut être calculée plus ou moins finement selon vos connaissances de votre installation. Nous vous proposons 3 façons de calculer cette consommation: avec votre facture, votre DPE, ou de manière imprécise en se basant seulement sur votre surface au sol.

Vous reprendrez bien un peu d'énergie ?

D’après négaWatt, le gisement annuel d’économie d’énergie mobilisable dans le résidentiel à court terme (d’ici 2 ans) représente 100 TWh, dont 60 TWh de gisement sur le chauffage.

Plusieurs leviers sont identifiés pour y parvenir :

  • Baisse du chauffage (sobriété) :
    • 19°C max dans 80% des logements : -23,5 TWh ;
    • -1°C dans 40% des logements, grâce à l’utilisation de vêtements chauds : -5,9 TWh ;
    • -2°C la nuit et dans les chambres : -3,3 TWh ;
    • -2°C lorsque le logement est inoccupé (en journée) : -3,4 TWh ;
  • Isolation (efficacité) :
    • Etanchéité à l’air des ouvertures 11 TWh ;
    • Films de survitrage sur les vitres en simple vitrage : 6,9 TWh ;
    • Isolation des combles : 6,3 TWh ;

Le chauffage est vraiment l’éléphant dans la pièce quand on cherche à faire des économies d’énergies : c’est LE plus gros levier. Comment baisser son chauffage sans avoir froid ? C’est une question à laquelle Loïc Cédelle répond très bien dans cet article. Au menu: pull, plaid, bouillotte, tapis de souris chauffant, … et gainage pour les plus motivé·e·s !

Le chauffage collectif d’un immeuble est géré par un contrat qui lie le bailleur social ou le syndic de mon immeuble à un chauffagiste. Le bailleur ou conseil syndical (représentants élus des copropriétaires en Assemblée Générale) décide généralement de la date d’allumage et de la date d’arrêt du chauffage ainsi que de la température contractuelle, c’est à dire de la température de chauffage des appartements demandée au chauffagiste. Ce dernier s’occupe de la chaufferie et en particulier de la régulation du chauffage de votre immeuble.

La plupart du temps, la température contractuelle est comprise entre 19°C et 21°C. Dans de très nombreux cas, les immeubles avec un système de chauffage collectif sont surchauffés (température mesurée tous radiateurs ouverts comprises entre 22°C et 24°C). Autrement dit, si l’on vous demandait d’allumer tous vos radiateurs en permanence, vous auriez trop chaud. Ainsi, votre logement est chauffé alors même que la majorité des radiateurs ne fonctionnent pas en permanence ou ne fonctionne que par intermittence. Cela signifie que l’eau qui circule dans le circuit de chauffage est trop chaude et que l’immeuble pourrait réaliser des économies d’énergie en demandant au chauffagiste d’abaisser la température de chauffage dans la chaufferie.

Il est donc recommandé de prendre contact avec : 

  • vous vivez dans une copropriété : le conseil syndical ou le syndic pour demander à ce que la température de chauffage soit abaissée d’au moins 1°C. 
  • vous vivez dans un immeuble appartenant à un bailleur social : l’agence de location de votre bailleur pour demander à ce que la température de chauffage soit abaissée d’au moins 1°C.

Il convient de garder en tête que l’abaissement de la température changera les habitudes des habitants. Dans un cas extrême où un habitant est chauffé alors que ses radiateurs sont éteints (il est donc chauffé par le réseau de chauffage qui traverse son appartement et non par l’ouverture de ses radiateurs), l’abaissement de la température le poussera à allumer ses radiateurs.

Cas particulier : vous êtes membre du conseil syndical de votre immeuble ou représentant des locataires chez un bailleur social : 

  • Demandez à votre chauffagiste de mettre en place des enregistreurs de température dans environ 10% des logements pendant 1 mois au cours de l’hiver. Cela vous permettra de vérifier la température effective dans les logements. Il est important que les enregistreurs soient répartis dans l’immeuble de manière homogène. Il convient de bien noter l’utilisation des radiateurs par les habitants. Mesurer 22°C dans un logements dont l’occupant n’allume aucun radiateur et mesurer 22°C dans un logement avec un occupant qui allume tous ses radiateurs ne donne pas la même conclusion : dans le 1er cas, l’immeuble est probablement chauffé à bien plus de 22°C et dans le 2e cas, cela illustre la température réellement donnée par la chaufferie. Ces mesures de température permettent également de mesurer le réduit de nuit (généralement 2°C demandé en moins entre 23h et 6h).

Les actions suivantes vous permettront de réaliser des économies d’énergie : 

Actions de sobriété : 

  • Retarder la date d’allumage du chauffage en suivant les prévisions météo. 
  • Avancer la date d’arrêt du chauffage en suivant les prévisions météo.
  • Abaisser la courbe de chauffe de l’immeuble d’au moins 1°C; 

Actions d’amélioration de l’efficacité :

  • Réaliser un désembouage des installations puis abaisser la courbe de chauffe ;
  • Installer des vannes d’équilibrages et faire réaliser un équilibrage par calcul et avec enregistrement des températures pour vérification puis abaisser la courbe de chauffe ; 
  • Faire installer une pompe à débit variable et des robinets thermostatiques bridés sur 3 (température maximale 22°C). Il est conseillé de faire cette action après le désembouage et l’équilibrage.
  • Avec l’aide d’un assistant à maîtrise d’ouvrage ou d’un bureau d’études, mettre en place un contrat Prestation Forfait Intéressement avec le chauffagiste pour l’inciter financièrement à faire réaliser à l’immeuble des économies d’énergie ;
  • Faire réaliser un audit énergétique par un bureau d’études si cela n’a pas encore été fait et prévoir un plan pluriannuel d’amélioration énergétique.